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Photo du rédacteurOlivier Caremelle

Une utopie réaliste




Abdennour Bidar a raison, le revenu universel est une utopie réaliste.

« Nous avons tout essayé dans le domaine de la lutte contre le chômage ». Jamais cette affirmation, un brin péremptoire, n’a été aussi fausse.

Il est vrai que depuis « les trente Glorieuses » et la période de plein emploi, la situation économique et sociale de notre pays a bien changé. La part du chômage résiduel, ceux et celles qui ne souhaitaient pas travailler pour diverses raisons ( 100 000 personnes avant la crise de 1973),  s’est peu à peu et de manière inexorable muée en chômage structurel, privant d’emplois et de travail ceux et celles qui souhaitaient entrer dans la population active.

L’entrée des femmes dans la vie active, fortement liée au désir d’émancipation et des conséquences la démocratisation de l’école, a augmenté et coloré autrement la population active alors que les crises économiques s’enchainaient pour raréfier le travail au regard des potentiels actifs.

La montée du chômage depuis trois décennies et la persistance d’un chômage de masse témoignent de changements plus profonds que le simple dérèglement du marché du travail. Si l’analyse des causes de cette situation renvoie aux traditionnels clivages idéologiques de l’analyse économique, les politiques mises en œuvre pour tenter de réduire le chômage ou de le rendre supportable ont exploré une variété de solutions dont aucune n’a vraiment fait la preuve de son efficacité.

Ces solutions ont été multiples, de gauche ou de droite, volontaires ou cyniques, catégorielles ou plus globales. Elles ont été, au regard du nombre de demandeurs d’emplois aujourd’hui largement inefficaces. Notre pays compte à ce jour 3.5 millions de demandeurs d’emplois et plus de 2.1 millions de personnes exerçant une activité réduite, soit au total 5.6 millions de personnes !

Les enquêtes d’opinion le signalent les unes après les autres : le chômage est la préoccupation principale des Européens et des français. C’est d’ailleurs ce qui avait peut-être conduit François Hollande à lier son sort à la courbe du chômage. Macron en a retiré la leçon…

Le renouveau de la pensée libérale et l’avènement d’Emmanuel Macron a conduit la plupart des gouvernements (même socialistes) à adopter des politiques favorables à l’offre (abaissement des « charges », loi travail 1 et 2, CICE…)  c’est à dire cherchant à rendre plus fluides les conditions d’utilisation de la main-d’œuvre par les entreprises et à inciter les chômeurs au retour à l’emploi.

Ainsi, se sont multipliées des formes de contrats de travail qui s’éloignent des conditions traditionnelles du CDI : les CDD, les missions d’intérim, l’apprentissage, les stages, le temps partiel non choisi, le retour des emplois francs aujourd’hui… qui permettent à l’entreprise de gérer de manière plus souple sa demande de travail.

Pour quelles conséquences ? La montée des inégalités et des précarités alors que sont nés entretemps les travailleurs pauvres et que le chômage n’a jamais pu durablement baisser hormis sur la période 1997-2000.

Si nous n’avons pas tout essayé, il nous faut aujourd’hui entendre les aspirations à vivre décemment, de son travail ou non. Deux options plus ou moins complémentaires s’offrent à nous pour créer de nouveaux droits.

Celui de travailler moins en partageant le travail en réinterrogeant ce qu’ont été les lois Aubry. Ce qui était une bonne idée en 1997, reste 20 ans plus tard une opportunité quant de plus en plus d’actifs souffrent au travail, physiquement ou moralement.

Celui de donner à chacun les moyens de subsistances, en expérimentant dans un premier temps l’idée promue par Benoit Hamon pendant la campagne présidentielle, le revenu universel d’existence puis dans un second temps le revenu de base inconditionnel.

C’était rappelons le, la seconde fois dans l’Histoire que le revenu universel était porté par un candidat aux élections présidentielles. En 1972, aux États-Unis, le candidat démocrate George McGovern l’avait proposé au moment des primaires de son parti puis avait reculé…

Nous n’avons plus le choix. Avançons.

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