L’école primaire est une compétence de la commune. Depuis le 19éme siècle et la loi Guizot de juin 1833 les communes ont la charge des écoles primaires qu’elles ont l’obligation de créer et d’entretenir. C’est dans ce cadre que de nombreuses évolutions ont permis aux communes d’investir dans leurs écoles, débordant du cadre strict fixé par la loi, pour « entrer dans le champ de l’éducation et du périscolaire » répondant ainsi aux demandes nouvelles des enseignants et évidemment des familles.
La création, somme toute récente des politiques éducatives locales à travers le développement des CEL en 1998, des Projets Educatifs globaux, comme à Lille/Lomme/Hellemmes en 2005 a participé largement à ce mouvement permettant de renforcer les projets d’école et de leur donner de nouveaux moyens dans les domaines de la culture, du sport, de la citoyenneté, du soutien aux classes transplantées à Lomme …depuis 1968 ! Dans le même temps de nombreux services complémentaires se renforçaient et se modernisaient : restauration scolaire, transports, études dirigées, accompagnement à la scolarité, soutien à la parentalité….
Cette « intrusion positive » de la commune sur le temps éducatif au titre des projets éducatifs a produit d’immenses effets, reconnus par les enseignants, les familles, les enfants eux-mêmes éveillés à la Cité et au monde qui les entoure, loin d’une école sanctuaire.
C’est dire si globalement le poids des communes dans la dépense intérieure d’éducation du primaire est forte (plus de 16 milliards sur 45) et a eu tendance ces dernières années, réforme des rythmes de 2012 oblige, à se développer, mais de manière inégale dans les 48700 écoles publiques du pays.
Malgré tout, les inégalités scolaires et éducatives ont eu tendance à se renforcer, dans un rapport de 1 à 10, entre une commune désireuse ou pouvant investir durablement dans les écoles de son ressort et celle qui fera, par choix ou par manque de moyens le minimum vital.
C’est dans ce contexte que de nouveaux enjeux apparaissent au grand jour, celle d’une ville à hauteur d’enfant, d’une ville récréative dans laquelle la place des écoles est centrale. Après avoir durablement investi, et il faudra continuer à le faire, sur les questions d’éducation pour renforcer les projets d’école et ceux du périscolaire se posent aujourd’hui la question des bâtiments et de la place de l’école dans la ville et le quartier.
La prise de conscience des enjeux liés aux changements climatiques est claire à l’échelle du pays et des communes. Beaucoup pensent aujourd’hui autrement l’investissement dans les écoles afin de faire répondre aux défis de la sobriété énergétique, de la préservation de l’eau, du renforcement de la nature avec les cours à vivre, cours végétalisées, des réhabilitations de nos bâtiments alors que certaines de nos écoles, patrimoniales, bien entretenues et sécures, ne répondent pas, toutes, au canon de l’adaptation climatique.
Ce sera aussi la déclinaison d’autres usages pour considérer l’école comme le centre du quartier, un pôle éducatif , culturel, social, récréatif permettant, par exemple, nous l’avons expérimenté à Lomme cette année, d’ouvrir l’école et ses cours végétalisées aux habitants de la ville afin de multiplier les accès à la nature plutôt que de l’enfermer sur des temps contraints.
Cette nouvelle école, que nous évoquons, est d’ores et déjà pensée par beaucoup de villes.
Restent des interrogations majeures liées au rythme des travaux et des investissements absolument nécessaires, aux moyens des communes pour franchir un gap sur ces sujets et à continuer le projet de co-éducation dans le même temps.
A l’État de jouer son rôle, à accompagner la politique éducative locale en priorisant le soutien aux communes vers la réhabilitation, notamment énergétique de nos bâtiments, d’une école conçue pour irriguer les quartiers et ses habitants sans devenir des oasis isolées.
Les communes, elles, seront au rendez-vous.
Olivier Caremelle
1er Adjoint au maire Lomme
Conseiller Départemental du Nord
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