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Photo du rédacteurOlivier Caremelle

Le projet Européen garde toute sa légitimité



Depuis plus de vingt ans l’Europe s’est préoccupée de son élargissement théorisant la nécessaire et absolue intégration dans l’Union Européenne des pays d’Europe centrale notamment.

J’ai , en 2005, comme beaucoup d’autres à l’intérieur du parti socialiste  milité pour une l’affermissement des politiques européennes en particulier sur les plans économiques et sociaux avant tout élargissement intempestif.

Chacun voyait déjà il y a plus de 10 ans toutes les difficultés de l’Europe de 15 à ses construire et à développer une Europe qui fonctionne, plus solidaire au lieu d’être, jour après jour, plus concurrentielle entre elle.

10 ans après, l’Europe enclenchait la marche arrière avec le départ de l’Angleterre au terme d’une campagne nauséabonde centrée sur les questions d’immigration, d’indépendance voire de nationalisme.

La fameuse théorie des "petits pas" a vécu.

Celle qui permettrait d’élargir de plus en plus l’Union Européenne sans se préoccuper ou pouvoir, c’est encore pire, régler la question vitale du pilotage politique de l’U.E.

La fameuse théorie des petits pas a là encore vécu sur les buts et valeurs mêmes de l’Europe alors que le chemin vers l’harmonisation économique, sociale et démocratique est aujourd’hui dans une impasse.

La question migratoire a été un puissant révélateur des fragilités politiques de l'U.E, condamnée dans un premier temps à entendre d'abord et avant tout les positions nationales.

L’égoïsme des Nations tend à prendre le pas sur l'intérêt général de l'U.E;

Si nous avons réussi pour l’heure à construire et à assurer la paix en Europe, si nous avons réussi à construire un espace économique et rendu plus libre de circuler, nous avons pris le risque d’échouer en imposant aux peuples une marche forcée vers une Europe géographiquement et politiquement plus large, le regard obnubilé par le poids des Etats-Unis ou de la Chine.

Le message des Anglais vaut pour toute l’Europe : la crise est d’abord politique à travers la montée des populismes et de l’irresponsabilité érigée en dogme.

A force de stigmatiser l’Europe et de la rendre nous-même impopulaire, nous sommes face aujourd’hui à une polycrise.

L’Europe est en crise. Multiples, durables, profondes, ces crises  menacent, comme jamais, l’avenir de la construction de l’Europe et des peuples qui la composent.

 L’actualité liée aux migrants nous le signale tous les jours : la construction européenne est en panne et menacée de régression, sur les valeurs et les buts du projet Européen, sur ce sujet comme sur tant d’autres.

 L’Europe est pourtant, en tant que socialiste, notre histoire commune, notre passé et notre avenir, garantie de la paix et de l’affermissement de la démocratie.

Pourtant aujourd’hui la défiance a supplanté le projet européen et creusée le déficit démocratique.

 Il est vrai que les orientations libérales de l’Europe, les cures d’austérité drastiques imposées aux pays et peuples et le repli nationaliste de quelques pays ont largement alimenté cette défiance.

Ce projet ne se fera pas sans et contre les peuples.

Ce projet garde toute sa légitimité et sa modernité.

Ce projet est devant nous : il sera d’abord et avant tout lié à la réaffirmation des valeurs partagées et à la construction politique, c’est-à-dire de la décision politique.


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